Cheick Taliby Sylla

Cheick Taliby Sylla
Prénom
Cheick Taliby
Nom
Sylla
Pays de naissance
Guinée

Cheick Taliby Sylla est une personnalité politique guinéenne qui a occupé le poste de ministre de l'Énergie et de l'Hydraulique de la République de Guinée d'octobre 2014 à mai 2020. Avant sa nomination ministérielle, il s'est fait connaître en dirigeant le projet du barrage hydroélectrique de Kaléta (2012-2015), une initiative phare sous l'administration du président Alpha Condé. Durant son mandat ministériel, il a supervisé l'achèvement du barrage de Kaléta et revendiqué des améliorations significatives dans la couverture électrique nationale, bien que cette période ait également été marquée par des coupures d'électricité persistantes et des critiques publiques.

Suite à son limogeage en mai 2020 au milieu de manifestations liées aux problèmes d'électricité, il s'est brièvement tourné vers l'agriculture dans sa région natale de Kindia avant d'être nommé Conseiller présidentiel chargé des Relations internationales en octobre 2020. Au-delà de sa carrière politique, il est connu pour ses initiatives de développement local à Kindia et sa rivalité persistante avec son collègue politique Oyé Guilavogui.

A lire dans cet article

Introduction

Cheick Taliby Sylla est une figure politique guinéenne qui s'est distinguée en occupant le poste de ministre de l'Énergie et de l'Hydraulique de la République de Guinée d'octobre 2014 à mai 2020. Son parcours professionnel et son engagement pour le développement énergétique de son pays ont marqué la scène politique guinéenne pendant près d'une décennie.

Débuts à la direction du projet Kaléta

Avant d'entrer au gouvernement, Cheick Taliby Sylla s'est fait connaître comme directeur général du projet d'aménagement hydroélectrique de Kaléta entre 2012 et 2015. Ce barrage, considéré comme l'un des projets phares du président Alpha Condé, a été réalisé en collaboration avec des partenaires chinois, mobilisant près de 2 500 travailleurs guinéens et 850 chinois.

Dès juillet 2013, alors directeur général du projet, il affirmait avec assurance que "le projet d'aménagement hydroélectrique de Kaléta a atteint son point de non-retour" et que "les travaux avancent à pas de géant". Sous sa direction, les équipes travaillaient jour et nuit pour respecter les délais de construction. À cette époque, il annonçait déjà que les excavations étaient effectuées à 100% et que le bétonnage avait commencé sur l'axe du barrage.

Ce projet d'envergure, d'une valeur de 526 millions de dollars, financé par la Guinée et la Chine (via China Water Energy), avait une vocation sous-régionale. Une partie de sa production était destinée à d'autres pays ouest-africains dans le cadre du projet d'interconnexion entre la Guinée, la Gambie, le Sénégal et la Guinée-Bissau.

Ministère marqué par des ambitions et des défis

En octobre 2014, Cheick Taliby Sylla est nommé ministre de l'Énergie et de l'Hydraulique dans le gouvernement guinéen. Son mandat sera caractérisé par de grandes ambitions pour résoudre les problèmes énergétiques chroniques du pays, mais aussi par des défis considérables.

Dès juin 2015, il exprime sa frustration quant à la lenteur de la mise en œuvre de sa "révolution" dans le secteur énergétique. Lors d'une réunion de cabinet, il interpelle ses collaborateurs : "Ma révolution piétine. Il y a quelque chose qui ne va pas. Je veux comprendre." Il regrette l'absence de propositions concrètes et de projets réalistes pour avancer, malgré le retour des institutions financières internationales prêtes à soutenir le secteur à hauteur de 20 millions de dollars.

Mise en service du barrage de Kaléta

L'un des accomplissements majeurs sous son mandat reste l'achèvement et la mise en service du barrage hydroélectrique de Kaléta en 2015, avec une puissance de 240 MW. Selon ses propres déclarations, cette réalisation a permis d'améliorer significativement la desserte électrique sur le réseau interconnecté national.

En janvier 2019, lors d'une conférence de presse, il présente un bilan positif : "Le taux de desserte est passé de 51,82% en 2014 à 86,46% en 2018, et le nombre de coupures est passé de plus de 68 fois/mois en 2014 à moins de 5 fois/mois en 2018." Il ajoute que "la production d'énergie est passée de 696 GWh avant Kaléta à 1876 GWh en 2018" et que "42 localités rurales situées le long du réseau interconnecté de Conakry à Labé ont pu être alimentées en électricité."

Critiques et les difficultés persistantes

Malgré ces avancées, le ministre a dû faire face à des critiques croissantes concernant les coupures d'électricité persistantes à Conakry et dans le reste du pays. En décembre 2016, il reconnaît les difficultés de distribution électrique dans la capitale. En février 2019, lors d'une émission radio, il tente de justifier ces problèmes par une augmentation de la consommation : "La consommation a augmenté plus du double", explique-t-il, évoquant l'équipement accru des ménages en appareils électroménagers suite à l'amélioration initiale de la desserte.

À propos du barrage de Kaléta, il admet que "pendant la saison sèche, Kaléta pouvait avoir des difficultés" car c'est "un barrage au fil de l'eau", et confesse n'être "pas satisfait dudit barrage parce qu'on n'arrive pas à donner l'électricité comme il le faut."

Autres projets énergétiques

Pendant son mandat, Cheick Taliby Sylla s'est également impliqué dans d'autres projets énergétiques, notamment :

  • La visite et l'évaluation du barrage hydroélectrique de Garafiri en juin 2018, qu'il trouve dans un état de "dégradation très poussée", avec des "équipements très vétustes" et des problèmes d'approvisionnement en eau.
  • Le lancement des travaux pour le raccordement des industries minières au réseau électrique en juillet 2018, en prélude à la mise en service prévue de la centrale hydroélectrique de Souapiti. À cette occasion, il s'engage à "fournir de l'énergie propre, qui consiste à diminuer les charges connexes afin que la tonne de bauxite ou d'alumine venant de notre pays soit compétitive sur le marché mondial."
  • Le projet d'électrification du pays à 85% à l'horizon 2020, conformément à la vision du président Alpha Condé.

Controverses et difficultés

Le parcours de Cheick Taliby Sylla n'a pas été exempt de controverses. En juin 2018, un rapport d'audit réalisé à la Société des Eaux de Guinée (SEG) l'accuse d'avoir "indûment reçu un montant de 321.461.134 GNF au titre de salaires de Directeur Général de la SEG alors qu'il était Ministre de l'Énergie et de l'hydraulique" entre 2015 et 2017. Il est alors sommé de rembourser cette somme.

Par ailleurs, des tensions sont rapportées entre lui et son collègue ministre de l'Environnement, Oyé Guilavogui, tous deux originaires de Kindia. Ces dissensions sont telles que le président Alpha Condé doit intervenir publiquement en janvier 2019 pour tenter de les réconcilier, les invitant à "se donner la main" et à ne pas "accepter la division".

En février 2020, il fait une déclaration controversée en affirmant que la Guinée est "devenue le quatrième exportateur d'énergie au niveau de la CEDEAO", alors que le pays peine à satisfaire sa propre demande électrique et doit même importer de l'énergie de la Côte d'Ivoire. Cette déclaration lui vaut de vives critiques, certains l'accusant de "mensonge d'État".

Engagement local et actions sociales

En parallèle de ses fonctions ministérielles, Cheick Taliby Sylla s'est investi dans sa région natale de Kindia, particulièrement dans son village de Foulayah. Parmi ses réalisations locales, on note :

  • La construction et l'amélioration de la mosquée de Foulayah, où son père a été imam pendant plus de quarante ans
  • La construction de plusieurs mosquées dans différents villages et quartiers de Kindia
  • L'électrification des communes rurales de Samayah, Kolentin, Souguéta, Linsan et des lieux saints de Tabouna
  • La construction d'une école primaire dans le district de Yengueleyah, commune rurale de Friguiagbé
  • Le don d'une quarantaine de motos aux chefs de quartiers et présidents de districts de la commune urbaine
  • La rénovation et l'équipement du siège local du parti RPG arc-en-ciel
  • Le soutien au tournoi annuel inter-quartiers de football

Fin de mandat et reconversion

Le 12 mai 2020, Cheick Taliby Sylla est limogé de son poste de ministre de l'Énergie, suite aux nombreuses manifestations liées aux problèmes persistants d'électricité dans le pays, malgré les milliards investis dans le secteur. Le décret précise qu'il est "appelé à d'autres fonctions".

Après quelques semaines de discrétion, il se réoriente vers l'agriculture dans son Kania natal, dans la sous-préfecture de Kolontin, à 50 km de Kindia. Il y aménage plusieurs dizaines d'hectares pour différentes cultures, dont dix hectares de maïs destinés à la consommation de volailles et plusieurs hectares de riziculture.

En octobre 2020, on apprend qu'il occupe désormais le poste de ministre-conseiller en charge des Relations Internationales à la Présidence de la République. À cette période, lors de l'élection présidentielle, il déclare : "Je félicite d'abord les citoyens de Kindia, malgré cette forte pluie qui s'est abattue sur la ville ce matin, il y a un engouement total."

En janvier 2021, il exprime sa frustration d'avoir été ignoré lors d'une cérémonie récompensant les artisans de la victoire du RPG Arc-en-ciel à Kindia, pointant du doigt son rival Oyé Guilavogui comme responsable de cette mise à l'écart. Il regrette alors que ces tensions persistent et nuisent au développement de la préfecture de Kindia.

Conclusion

Le parcours de Cheick Taliby Sylla illustre les défis de la gouvernance dans un secteur aussi crucial que l'énergie en Guinée. De la direction du projet Kaléta à son poste de ministre, il a œuvré pour l'amélioration de l'accès à l'électricité dans un pays où les besoins sont immenses. Malgré des avancées notables comme la mise en service du barrage de Kaléta et l'augmentation du taux d'électrification, les problèmes persistants de distribution électrique ont finalement conduit à son départ du gouvernement en mai 2020.

Son engagement local à Kindia et sa reconversion dans l'agriculture témoignent d'un attachement à sa région d'origine et d'une capacité à se réinventer après une carrière politique mouvementée. Aujourd'hui, il reste une figure controversée de la scène politique guinéenne, notamment en raison des rivalités locales qui persistent à Kindia.