
Moustapha Mamy Diaby est un ingénieur guinéen né en 1971, expert en télécommunications et figure clé du développement numérique en Afrique. Son parcours impressionnant comprend des postes de formateur à l'École Multinationale des Télécommunications de Dakar, de fonctionnaire à la Commission de l'Union Africaine, de Directeur général de l'Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) de Guinée de 2011 à 2016, puis de ministre des Postes, Télécommunications et de l'Économie Numérique de 2016 à 2020.
Durant son mandat ministériel, il a piloté d'importants projets comme le déploiement du Backbone national par fibre optique et la création du premier point d'échange internet en Guinée. Sa carrière internationale s'est poursuivie avec sa nomination comme Président du Conseil des ministres en charge des TIC de l'Alliance Smart Africa en 2019, puis comme Senior Advisor en ICT et Transformation Digitale à la Commission de l'Union Africaine en 2022.
Introduction
Moustapha Mamy Diaby, né en 1971 en Guinée, s'est imposé comme l'une des figures clés du développement des télécommunications et de l'économie numérique dans son pays. Son parcours professionnel, marqué par une expertise technique pointue et des responsabilités croissantes tant au niveau national qu'international, témoigne de son engagement pour la modernisation du paysage numérique guinéen et africain.
Formation et débuts professionnels
Ingénieur de formation, Moustapha Mamy Diaby dispose d'un bagage académique solide dans le domaine des télécommunications. Il est titulaire d'un Master en Ingénierie des Télécommunications et TIC (1996), complété par de nombreuses formations spécialisées acquises dans plusieurs centres de référence au Sénégal, aux États-Unis, au Canada et en Europe.
Son parcours comprend notamment un Diplôme en Gestion et Interconnexion des réseaux de télécommunications/TIC de Goulet International à Paris (2007), une Certification en Gestion des Projets de Télécommunications de l'École multinationale des Télécommunications de Dakar (1997), et divers certificats spécialisés dans les domaines de l'économie des réseaux, des communications sans fil et de l'accès universel.
Carrière internationale avant le service public guinéen
La carrière professionnelle de Moustapha Mamy Diaby commence véritablement entre 2001 et 2006, période durant laquelle il occupe le poste de Formateur-Consultant au Centre d'excellence de l'Union Internationale des Télécommunications (UIT) de l'École Supérieure Multinationale des Télécommunications de Dakar (ESMT). Dans ce cadre, il développe une expertise sur des sujets cruciaux comme l'accès universel, la connectivité rurale et la gestion du spectre radioélectrique.
Son parcours prend une dimension internationale plus affirmée entre 2006 et 2011, lorsqu'il devient Fonctionnaire principal chargé des politiques de développement des Télécommunications au sein de la Commission de l'Union Africaine à Addis-Abeba. Durant cette période, il contribue significativement à l'harmonisation des politiques de régulation des télécommunications et de la poste en Afrique, à l'élaboration des politiques continentales pour l'interconnexion des réseaux large bande africains, et au développement de lignes directrices pour la gestion collective des ressources rares (fréquences, numérotation, DNS).
Il participe également à l'organisation d'événements majeurs comme le Sommet "Connecter l'Afrique" en 2007 et plusieurs conférences africaines des ministres en charge des TIC. Entre 2008 et 2011, il est détaché auprès de la Commission de l'Union européenne à Bruxelles, renforçant ainsi son expertise et sa vision internationale du secteur.
Direction de l'ARPT : premiers défis nationaux
Le retour de Moustapha Mamy Diaby en Guinée marque un tournant dans sa carrière avec sa nomination, en mars 2011, comme Directeur général de l'Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT). Dans cette fonction qu'il occupera jusqu'en janvier 2016, il se consacre à la mise en œuvre des textes légaux et réglementaires régissant le secteur des postes, des télécommunications et des TIC, tout en conseillant le gouvernement sur la promotion de l'économie numérique.
Dès sa prise de fonction, il engage une lutte déterminée contre la piraterie des appels internationaux vers la Guinée, phénomène qui réduisait considérablement les revenus des opérateurs téléphoniques et de l'État. Il initie également un audit organisationnel, institutionnel et financier de l'ARPT afin d'établir une démarcation claire avec la gestion précédente.
En 2012, la reconnaissance de ses compétences s'étend au-delà des frontières nationales lorsqu'il est nommé Vice-Président, puis Président en 2013, du Forum des Régulateurs francophones des Télécommunications (FRATEL). Durant cette même période, il est également désigné président du Comité de gestion de crise de la SOTELGUI (Société des Télécommunications de Guinée), opérateur historique en grande difficulté financière et organisationnelle.
Ministre des Postes, Télécommunications et de l'Économie Numérique
Le 5 janvier 2016, à 44 ans, Moustapha Mamy Diaby franchit une nouvelle étape dans sa carrière en étant nommé ministre des Postes, Télécommunications et de l'Économie Numérique dans le gouvernement dirigé par Mamady Youla. Cette nomination illustre la priorité accordée par le Président Alpha Condé à la compétence et à l'expertise dans la formation d'un gouvernement axé sur la reprise économique et la création d'emplois.
En tant que ministre, Diaby hérite d'un secteur en pleine transformation mais confronté à de nombreux défis. Lors d'un entretien accordé en novembre 2016, il dresse un état des lieux du secteur des télécommunications en Guinée, soulignant des avancées significatives avec un taux de pénétration de la téléphonie atteignant 96,5% et celui de l'internet environ 27%. Toutefois, les problèmes de qualité des réseaux et les coûts élevés des services demeurent des préoccupations majeures.
L'un des dossiers les plus épineux qu'il doit gérer est celui de la relance de la SOTELGUI. Contrairement à son prédécesseur qui avait annoncé une relance imminente, Diaby adopte une approche plus pragmatique, estimant que l'entreprise, telle qu'elle est, ne peut pas être relancée sans un minimum d'infrastructures et de services à proposer. Il s'engage néanmoins à finaliser l'audit des infrastructures et à élaborer une stratégie validée par le gouvernement pour une relance durable.
En avril 2017, il annonce finalement que la SOTELGUI sera relancée avant la fin de l'année, malgré les réticences des opérateurs privés qui craignent l'arrivée d'un cinquième acteur sur le marché.
Projets et réalisations au ministère
Durant son mandat ministériel qui s'étendra jusqu'en juin 2020, Moustapha Mamy Diaby pilote plusieurs projets structurants pour le développement des télécommunications en Guinée. Parmi les plus importants figure le déploiement du Backbone national par fibre optique, infrastructure essentielle pour améliorer la qualité et la quantité des services internet dans le pays. En janvier 2019, il annonce que plus de 82% du projet sont réalisés, avec pour objectif la mise en service complète des 4500 km de fibre optique prévus.
Il supervise également la création d'un premier point d'échange internet (IXP) opérationnel depuis octobre 2018, permettant une interconnexion directe des fournisseurs de services Internet en Guinée pour accroître la fluidité, réduire les délais, améliorer la qualité et diminuer les coûts.
Sur le plan législatif et réglementaire, son ministère élabore plusieurs textes importants concernant la cybercriminalité et les transactions électroniques. En mars 2018, il met en garde contre la diffusion de messages incitant à la haine et à la violence sur les réseaux sociaux, rappelant que son département dispose des moyens techniques et humains pour identifier et poursuivre les auteurs de tels actes.
Un autre chantier majeur concerne la ré-délégation du nom de domaine .gn à la Guinée. Diaby travaille à la structuration d'un consortium à but non lucratif, validé par décret, pour gérer cette ressource nationale au bénéfice de l'ensemble des acteurs nationaux.
Reconnaissance internationale
Le 13 mai 2019, la carrière de Moustapha Mamy Diaby connaît une nouvelle consécration internationale lorsqu'il est désigné Président du Conseil des ministres en charge des TIC de l'Alliance Smart Africa, lors d'une réunion tenue à Kigali au Rwanda. Dans cette fonction, il s'engage à travailler pour accélérer le processus de transformation numérique des pays africains, notamment en harmonisant les cadres légaux et réglementaires pour favoriser les investissements et les projets transnationaux.
Cette nomination s'accompagne d'une autre bonne nouvelle pour la Guinée : le pays est choisi pour accueillir l'édition 2020 du Transform Africa Summit (TAS), événement majeur dans le domaine des technologies numériques en Afrique.
Fin de mandat et controverses
Le parcours de Moustapha Mamy Diaby n'est pas exempt de controverses. En septembre 2018, il fait face à des accusations concernant des mouvements de fonds suspects sur ses comptes bancaires. Il dément fermement ces allégations qu'il qualifie de "fausses informations grossièrement montées de toutes pièces" et engage des poursuites judiciaires contre ses détracteurs.
Le 19 juin 2020, après quatre ans à la tête du ministère des Postes, Télécommunications et de l'Économie numérique, Moustapha Mamy Diaby est limogé suite à un remaniement ministériel opéré par le président Alpha Condé. Il est remplacé par Saïd Oumar Koulibaly, qui occupait jusque-là le poste de directeur général de la Guinéenne de large bande (Guilab).
À l'annonce de son limogeage, Diaby exprime sa gratitude envers le président Alpha Condé pour la confiance placée en lui durant près de dix ans et déclare avoir apporté sa "modeste contribution au développement" de la Guinée.
Des controverses ont également émergé concernant sa gestion à l'ARPT, notamment autour de la résiliation en 2014 d'un contrat avec l'entreprise Global Voice Group (GVG), spécialisée dans la supervision du trafic voix et data. Cette décision aurait abouti à une condamnation de l'État guinéen, en 2019, à indemniser GVG à hauteur de 21,7 millions de dollars pour impayés et rupture abusive de contrat.
Héritage et impact
Malgré ces controverses, le passage de Moustapha Mamy Diaby à la tête de l'ARPT puis du ministère des Postes, Télécommunications et de l'Économie Numérique a indéniablement marqué le paysage numérique guinéen. Sous sa direction, le pays a connu des avancées significatives en termes d'infrastructures, de cadre réglementaire et de taux de pénétration des services numériques.
Son expertise technique et sa vision stratégique ont contribué à positionner la Guinée sur la carte numérique africaine et à jeter les bases d'une économie numérique plus développée. Son influence s'est également étendue au-delà des frontières nationales à travers ses responsabilités au sein du FRATEL et de l'Alliance Smart Africa.
En février 2022, Moustapha Mamy Diaby poursuit sa carrière internationale en devenant Senior Advisor en ICT et Transformation Digitale au bureau du Vice-Président de la Commission de l'Union Africaine à Addis Ababa, mettant ainsi son expertise au service du développement numérique du continent africain.
Conclusion
Le parcours de Moustapha Mamy Diaby illustre l'émergence d'une nouvelle génération de leaders africains dans le domaine des technologies numériques. Ingénieur de formation devenu haut fonctionnaire puis ministre, il a su naviguer entre expertise technique, vision stratégique et diplomatie internationale pour contribuer au développement des télécommunications en Guinée et en Afrique.
Si son action n'a pas été exempte de critiques et de controverses, elle a néanmoins permis des avancées significatives dans un secteur crucial pour le développement économique et social du continent africain. Son expertise continue aujourd'hui d'être mise à profit dans le cadre de ses fonctions à la Commission de l'Union Africaine, témoignant de la reconnaissance de ses compétences au niveau continental.